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DanielBerthet.com
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Littérature - Digne les Bains - Prenant source dans la Haute Provence, mes romans entraînent les lecteurs dans la petite histoire des gens du peuple face à la Grande Histoire des Maîtres du Monde.

11 novembre 2018

EXTRAIT -Putain de Guerre !

 

 

Putain de Guerre

 

 

À toutes les gueules cassées

et à tous les fusillés

au nom de l’Horreur

dont les noms ne figurent pas

sur les monuments aux morts.

 

 

Prologue

 

 

          Nous étions gamins. C’était à la fin des années cinquante. Le soir après l’école, à peine les beaux jours du printemps arrivés, notre jeu préféré, c’était celui des quatre coins formés par quatre plots qui encadraient le poids public sur la place centrale d’Augès.

          A côté de la bascule, il y avait un banc de pierre. Certains jours, il était occupé par deux vieux qui venaient se raconter leurs histoires.

          Tous les deux étaient bien amochés.

          L’un était petit. Il portait toujours un demi-masque noir qui lui couvrait le bas de la figure et le crâne. Il marchait avec une béquille. On l’appelait Baldenuit. Il avait de la difficulté à parler mais avec de la patience, on le comprenait. C’est lui qui nous faisait le plus peur car il avait aussi à la place d’une main un crochet avec lequel il nous menaçait lorsque les plus grands se moquaient de lui.

            L’autre était plus grand et plus costaud. C’était Demi-lune. On l’appelait comme ça parce qu’il lui manquait un œil et il avait une joue creuse avec deux grosses cicatrices. Il marchait avec un bâton. De temps en temps, lorsqu’il n’était pas content, il tapait sèchement du bâton sur le sol.

         Des fois, je n’en dormais pas la nuit tellement ils me faisaient peur. Ils n’avaient pas de familles et pas d’amis. Je pensais qu’ils étaient malheureux.

         Puis, avec le temps, je me suis habitué à les côtoyer et lorsque j’étais fatigué de jouer aux quatre coins, j’allais m’asseoir à leur côté. Ils étaient contents de me voir. Alors, ils racontaient plein de choses sur la guerre et me prenaient à témoin.

         Quand ils parlaient de la guerre, c’était toujours de la grande, celle de quatorze-dix-huit qu’ils disaient, celle qu’ils avaient connue et qui les avait amochés, pas celle de quarante. Entre eux, ils l’appelaient la Madelon. Ils racontaient que c’était en rapport avec une chanson de l’époque.

         Ils la traitaient de putain !

         Moi, je ne comprenais pas grand chose aux embrouillaminis qu’ils racontaient à demi-mots.

         Je n’en parlais pas aux autres.

         Mais depuis qu’ils sont morts, leurs histoires de la Madelon me trottent souvent dans la tête.

         C’est ça que j’ai voulu écrire sur mon papier.

 

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