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Littérature - Digne les Bains - Prenant source dans la Haute Provence, mes romans entraînent les lecteurs dans la petite histoire des gens du peuple face à la Grande Histoire des Maîtres du Monde.

7 septembre 2020

EXTRAIT Comme un oiseau sur la mer...

 

 

Comme un oiseau 

       sur la mer...

On ne doit aux morts

que ce qui est utile aux vivants :

la vérité et la justice.

Nicolas de Condorcet

Décembre 2001[1]

 

Depuis leur premier âge, les gamins de Khan Yunis[2] n’avaient connu que les contraintes du camp de réfugiés : la promiscuité, les cailloux, la poussière, les tas d’ordures, les odeurs nauséabondes, les tôles ondulées, les planches rafistolées, le manque d’eau, le ronflement des générateurs...

 Ils supportaient cette misère sans se plaindre car ils n’avaient connu que cet inconfort.

Tout cela leur appartenait.

       Mais à cette détresse s’était ajouté un autre malheur, un vacarme infernal venu des airs, celui des avions de chasse, des hélicoptères Apache et des drones. Celui-là était imposé par Tsahal, la toute puissante armée du colonisateur. Il était ressenti par tout un chacun comme une agression humiliante voulue par les sionistes...

Une source d’angoisse permanente, jour et nuit.

Une oppression qui torturait les tympans. 

« À quels endroits ces vautours vont-ils encore lâcher leurs bombes ? » s’interrogeaient les mères de familles en poussant leurs progénitures dans les baraques lorsque les F-16 et les hélicoptères survo-laient la zone. « Même pas peur ! » répondaient les mômes qui interrompaient leurs parties de ballons entre les détritus des ruelles, têtes en l’air et doigts écartés en signe de victoire, prêts à défier la force de ces engins de mort.

Lorsque c’était à leur tour de se trouver à l’école dans le grand hangar bleu de l’ONU, les enfants se bouchaient les oreilles avec les mains quand les avions survolaient le camp. Les maîtres interrompaient leurs cours pour laisser passer les escouades. Et pour rassurer les gamins, ils leur rappe-laient qu’ils étaient en sécurité puisqu’ils se trouvaient dans une école sous contrôle international. Mais aucun ne croyait à ces belles paroles, même pas ceux qui les prodiguaient tant ils connaissaient les habitudes de l’oppresseur et la complaisance des maîtres du monde.

C’était un jour de cette fin d’année 2001 sous le ciel de la bande de Gaza, un jour comme les autres, fait de grouillements, d’encombrements, de brouhahas, de lassitude, d’ennui, de chômage et de désespoir.

En milieu de matinée, le rugissement des F-16 se fit plus bas, plus lourd, plus proche.

C’était mauvais signe !

 

        Sans même entrevoir les fusées éclairantes qui déchiraient le ciel, les gamins enfermés dans leur salle de classe, c’était le jour des garçons, reconnurent les sifflements stridents, juste au-dessus de leurs têtes. Chacun d’eux savait que ces sifflets éclairs annonçaient les explosions imminentes des bombes.

Dans la seconde, ils comprirent que leur camp était pris pour cible.

D’instinct, ils plongèrent sous les tables, la terreur dans les yeux, la trouille au ventre et l’appel au secours dans le cœur.

Des explosions, il y en eut quatre ou cinq.

Terrifiantes !

Tout le quartier se souleva.

Un véritable tremblement de terre !

Carreaux cassés, portes fracassées, chute des plafonds, déflagrations de pierres et de ferrailles qui s’écrasaient dans la classe au milieu d’un grand nuage de poussières.

Vision de fin du monde.

Hurlements des gamins.

Après des minutes aussi longues que l’éternité, soumis au bon vouloir du malheur qui tuait à l’aveuglette, ceux qui étaient encore conscients et situés au plus près des ouvertures commencèrent à s’extirper de l’enfer en sautant par les fenêtres sans s’occuper s’ils se tailladaient bras et jambes sur les restes de vitres coincés dans les encadrements.

Visages recouverts de poussières, mains, bras et mollets entachés du sang des blessures, tous étaient en proie à l’affolement de la terreur.

Quelqu’un essaya de les regrouper dans la cour.

Trop tard !

Les premiers sortis étaient déjà en train d’enjamber le portail. Les autres couraient dans tous les sens, gibier affolé.

 

       Un vol de canards paniqués, on aurait dit.

Le portail franchi par les plus agiles, chacun de son côté, ils s’enfuirent au milieu des gravats encombrant le sol, sans savoir où ils allaient. Devant le hangar, on ne distinguait plus, ni les panneaux rouillés des vieilles publicités, ni les poteaux électriques et leurs fils enchevêtrés, ni les bâtiments, ni les ruelles du camp. Tout était noyé dans une brouillasse de poussières et de débris volatils qui tombaient du ciel...

 

[1] Du 7 au 15 décembre, Israël bombarde les infrastructures pales-tiniennes de Gaza

[2] Ville palestinienne du sud de la Bande de Gaza qui regroupe plusieurs camps de réfugiés palestiniens dont le plus important est le camp Al Amal, qui héberge des milliers de réfugiés de  1948.

 

 

 

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4 septembre 2020

10 - La magie du papillon - Paroles de lecteurs

 

 

Patrice Saunier - Extrait de la préface

Daniel nous Livre un conte, d’une écriture subtilement élégante aux vertus d'estampes, déroulé à travers les quatre saisons. Et si c’était autre chose qu’un rêve de fou de s’envoler sur les ailes d’un papillon et de rejoindre le silence des ombres ! Daniel crée sous nos yeux l'imaginaire et à partir de la réalité nous emmène en voyage…

 

Daniel Bretin

Félicitations, j’ai bien aimé ton roman "La magie du papillon » que je viens de recevoir et de lire d’un seul trait.  C’est très bien écrit. Ton écriture est agréable et fluide comme le vol d’un papillon. On a besoin dans le monde actuel d’échapper aux difficultés du réel. Tu sais habilement revisiter, par l’imaginaire, le passé quelquefois délicat de notre Histoire.

 

Jean-Paul Degache

A sa manière, avec une écriture très imagée, l’auteur me replonge dans un épisode terrible de notre Histoire. C’est un bon rappel montrant que ces religions, au lieu d’apaiser, divisent et attisent les haines, comme on le constate toujours aujourd’hui. C’est bien raconté. C’est haletant et angoissant. Enfin, Daniel Berthet affirme un autre de ses talents quand il fait partager des scènes d’une sensualité, d’un érotisme agréables ramenant un peu d’amour sans la moindre exclusive.

 

Christiane B.

Je viens de terminer la lecture de ton roman. Que dire? Que marier la poésie et l'histoire, il fallait oser... C'est périlleux  et de la haute voltige tout comme l'écriture tellement riche et dotée d'un vocabulaire à la hauteur de cette période de l'histoire.  Un véritable parcours  de lecture qui nous emmène à la rencontre de cet imaginaire dans  la survivance des âmes, les  rêves d'Antonine et de ces  réalités historiques bien documentées. Je t'avoue avoir été assez stupéfaite !

 

Céline Giraud

Ce roman n’est ni un ouvrage de science-fiction ni un ouvrage de fantasy ou de fantastique à part entière mais il mêle à la fois fiction, faits historiques et une petite dose de fantastique. Un auteur au grand cœur qui nous transporte ici dans une autre dimension, nous faisant rêver, pleurer mais aussi espérer.

 

Guislaine Degache

Roman historique, conte, cet ouvrage est également une véritable ode à la nature. Les animaux comme les végétaux sont des personnages à part entière et Daniel Berthet n’hésite pas, et cela m’a vraiment enchantée, non seulement à leur donner la parole mais à les faire interagir avec les humains. Après cette lecture, je ne peux que souscrire à l’avis de Patrice Saunier, auteur de la préface : « Comme moi, vous ne verrez plus les papillons de la même façon après avoir lu ce conte. Ils vous emporteront aussi loin que les rêves peuvent nous emporter. »

 

 

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