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Littérature - Digne les Bains - Prenant source dans la Haute Provence, mes romans entraînent les lecteurs dans la petite histoire des gens du peuple face à la Grande Histoire des Maîtres du Monde.

9 septembre 2015

EXTRAIT - Au nom de notre bonne foi !

 

 

 

Au nom de notre bonne Foi !

 

 

Prologue

 

       

  Parties d'Allemagne au début du seizième siècle, il ne fallut pas plus d'un demi-siècle pour que les idées luthériennes débordent leurs frontières, se répandent en Suisse, s'étalent dans les vallées alpines puis remontent sur l'ensemble du royaume de France. Qu'ils se surnomment luthériens, vaudois, calvinistes, huguenots ou parpaillots, tous se retrouvèrent dans le prêche protestant de la Réforme de l'Église.

         Face à la monarchie catholique, le choc des religions devint inévitable ! Guidés par l'odeur du sang et le vice de la terreur, les hommes s'adonnèrent une fois de plus à leur activité favorite : la guerre. Celle des religions occupa grassement la fin du seizième siècle afin de laisser sa trace dans l'Histoire de France.

         En 1562, pourchassés depuis le massacre de Merindol, les protestants de Forcalquier se réfugièrent massivement à Sisteron jusqu'à s'emparer de la cité en faisant fuir les catholiques par la même occasion.

         Repoussé par le comte de Sommerive, le capi-taine huguenot Furmeyer, va conduire son armée jusqu'à la conquête de Grenoble en passant par Gap, Tallard, Saint-Bonnet et le Vercors.

         Fils de charretier, Tienot, va être embarqué contre son gré dans cette aventure et devenir l’ami de Lesdiguières.

           

 

Première partie  -

 

Pour la conquête d'une citadelle.

 

 

Février 1562

    

     Jouant à saute-mouton sur les pics enneigés des Alpes, les premières lueurs de l'aube s'emparaient lentement de l'espace abandonné par la nuit.

         Du côté de Lure, cahotant d'une pierre à l'autre sur une sente de braconniers pour atteindre le pas de la Graille, un vieux fardier brinqueballait son charroi sur des ornières incertaines.

         Le sommet de Lure à peine franchi, les lames verglacées d'un mistral cinglant firent rapidement savoir au charretier que le plus dur restait à faire et qu'il fallait s'en remettre à sa bonne Étoile s'il vou-lait atteindre Sisteron dans les deux prochains jours.

         Machinalement, il se signa !

         - Le ciel moutonne déjà du côté des Alpes. Y faudrait pas que le temps tourne à la neige avant qu'on atteigne Valbelle, marmonna alors le Borgne en se parlant à lui-même, le regard fixé sur la ligne du levant et la longe tenue courte pour ne pas lais-ser le cheval s'emballer.

         Cela faisait déjà deux nuits qu'ils avaient quitté Forcalquier, lui, son grand gaillard de Tienot et les deux vieux Fougasse qu'on avait logé sous la bâche du charroi.

         On n'avait pas encore parcouru une demi-lieue dans la descente que le cri du Borgne fit oublier au Tienot les premières gifles du mistral.

         - Tron de Dieu ! Le Noiraud n'arrive plus à retenir la charge. Tire donc sur les fers, hurla le charretier pour se faire entendre du gamin qui marchait à côté du convoi.

         Tienot se jeta sur les manivelles de la mécanique à l'avant et à l'arrière du fardier pour serrer les sabots au maximum. Des grincements de plus en plus stridents se firent entendre jusqu'à ce que le cheval reprenne son pas, soulagé par l'action des fers sur les bandages des roues.

         Février, ce n'était pas bien la saison pour organiser un déménagement jusqu'à Sisteron mais l'expédition avait été décidée dans la précipitation au vu des cadavres de parpaillots jetés dans les caniveaux de Forcalquier ou retrouvés pendus aux branchages des alentours de la chapelle Saint-Promasse depuis qu'Antoine Almaric, premier consul protestant de la cité, avait été assassiné sur la route d'Aix !

         S'il avait eu affaire à un autre pèlerin, le Borgne n'aurait jamais accepté une telle folie.

         Mais au père Fougasse, il ne pouvait rien refuser sachant trop qu'il lui devait la vie. Il avait encore en mémoire cette mauvaise rencontre qui datait d'une dizaine d'années et qui l'avait mis aux prises avec trois soudards venus faire main basse sur sa basse-cour à l'heure du chant du coq.

 

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