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Littérature - Digne les Bains - Prenant source dans la Haute Provence, mes romans entraînent les lecteurs dans la petite histoire des gens du peuple face à la Grande Histoire des Maîtres du Monde.

11 novembre 2018

EXTRAIT -Putain de Guerre !

 

 

Putain de Guerre

 

 

À toutes les gueules cassées

et à tous les fusillés

au nom de l’Horreur

dont les noms ne figurent pas

sur les monuments aux morts.

 

 

Prologue

 

 

          Nous étions gamins. C’était à la fin des années cinquante. Le soir après l’école, à peine les beaux jours du printemps arrivés, notre jeu préféré, c’était celui des quatre coins formés par quatre plots qui encadraient le poids public sur la place centrale d’Augès.

          A côté de la bascule, il y avait un banc de pierre. Certains jours, il était occupé par deux vieux qui venaient se raconter leurs histoires.

          Tous les deux étaient bien amochés.

          L’un était petit. Il portait toujours un demi-masque noir qui lui couvrait le bas de la figure et le crâne. Il marchait avec une béquille. On l’appelait Baldenuit. Il avait de la difficulté à parler mais avec de la patience, on le comprenait. C’est lui qui nous faisait le plus peur car il avait aussi à la place d’une main un crochet avec lequel il nous menaçait lorsque les plus grands se moquaient de lui.

            L’autre était plus grand et plus costaud. C’était Demi-lune. On l’appelait comme ça parce qu’il lui manquait un œil et il avait une joue creuse avec deux grosses cicatrices. Il marchait avec un bâton. De temps en temps, lorsqu’il n’était pas content, il tapait sèchement du bâton sur le sol.

         Des fois, je n’en dormais pas la nuit tellement ils me faisaient peur. Ils n’avaient pas de familles et pas d’amis. Je pensais qu’ils étaient malheureux.

         Puis, avec le temps, je me suis habitué à les côtoyer et lorsque j’étais fatigué de jouer aux quatre coins, j’allais m’asseoir à leur côté. Ils étaient contents de me voir. Alors, ils racontaient plein de choses sur la guerre et me prenaient à témoin.

         Quand ils parlaient de la guerre, c’était toujours de la grande, celle de quatorze-dix-huit qu’ils disaient, celle qu’ils avaient connue et qui les avait amochés, pas celle de quarante. Entre eux, ils l’appelaient la Madelon. Ils racontaient que c’était en rapport avec une chanson de l’époque.

         Ils la traitaient de putain !

         Moi, je ne comprenais pas grand chose aux embrouillaminis qu’ils racontaient à demi-mots.

         Je n’en parlais pas aux autres.

         Mais depuis qu’ils sont morts, leurs histoires de la Madelon me trottent souvent dans la tête.

         C’est ça que j’ai voulu écrire sur mon papier.

 

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3 novembre 2018

5 - Putain de Guerre!

Patrice Saunier (Extrait de la préface)

   Ce roman nous sort de notre vie rangée dans laquelle nos enfants sautillent dans un jardin aux pelouses interdites sans risque de perdre la vie sur une mine...  

  Il nous conduit aux confins d’un absurde qui imposait aux enfants du peuple le sacrifice suprême pour l’honneur d’un nom inscrit sur la pierre d’un monument aux morts !

 

    Dans son écriture de plus en plus cinématographique, Daniel nous invite aux confins de l’indicible dans une langue fluide à nous rappeler de ne pas oublier et l’on se met à croire un instant que tout pourrait changer, imagine…

 

Jean Jourdan

     Je viens de terminer le livre de Daniel Berthet « Putain de Guerre ! ». Comme pour ses précédents ouvrages, c'est un plaisir à lire. L'écriture est « gouleyante ». On lit comme on dégusterait un verre de grand cru.

       Des écrits sur la guerre il y en a eu, trop souvent à la gloire des massacreurs. Rarement, sous la forme d'un roman, les souffrances, les humiliations, les incompréhensions et la bêtise des ignorants n'ont été aussi bien décrits.

     A mesure que l'on tourne les pages, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la situation actuelle. Il n'y a plus de capo, mais il y a des managers, véritables cerbères de la finance que ce soit dans les centres d'appels, chez Mac-Do ou chez Amazone... La lettre de licenciement a remplacé le peloton d'exécution, le smartphone et la toile ont remplacé les Lebel et les Rosalies. Quant aux tirailleurs africains, il sont remplacés par les femmes et les enfants qui, dans le Sud-est asiatique, triment pour fabriquer des maillots a la gloire d'une équipe de foot.

    En plus, ce roman décrit assez bien les Basses-Alpes des années 50 avec ses personnages rustres et attachants à la fois. Le Saturnin ou d'Ernest ressemblent étrangement à certains paysans que j'ai pu rencontrer aussi bien à Pierrerue que dans les oliviers de Lurs. Je me souviens même d'un ermite le Cirile qui vivait de je ne sais quoi dans un cabanon à Forcalquier au bord du Buveron. J'en avais peur. Il venait se faire couper le cheveux chez mon oncle tondeur de mouton. Là, assis sur une brouette , avec les outils qui servaient pour les moutons mon oncle raccourcissait sa tignasse.

        Et puis, et c'est moins drôle il y a les épisodes à Banon et en particulier dans le cimetière.

       Cela a réveillé la mémoire d'un camarade de régiment originaire de Banon revenu chez lui dans une caisse en bois suite à un « accident » sur le port d'Alger. Putain de guerre !.

       Merci pour cette balade dans les Basses-Alpes.

 

Georges Grolière

      Ce matin, 12 novembre 2018 avant le soleil levant, je terminais la lecture de ton dernier roman; lecture qui m'a plu autant par son contenu dont ses nombreux dialogues habilement écrits entre Baldenuit, Demi-lune et le môme qui les fait parler que par le moment présent qui fera que la Der des Der n'aura jamais été autant rappelée au monde entier

 

Jean-Paul Degache  (Extrait de sa chronique à lire sur son blog)

        Avec Putain de guerre !, Daniel Berthet a su écrire et raconter d'une façon originale le cauchemar des tranchées, de tous ces hommes envoyés à la boucherie par d'autres aux épaulettes étoilées, à la solde des marchands d'armes et des banquiers, comme c'est si bien dit à la fin du livre.
     Ne pas oublier, c'est aussi rappeler que des hommes ont été fusillés par leurs propres camarades portant le même uniforme ou envoyés à l'abattoir, mains liées, sans casque, « pour l'exemple », comme on disait.

 

 Céline Barbier

    L'auteur dénonce ici l'injustice faite à tous ceux qui sont morts pour la France et qui ne figurent pas sur nos monuments aux Morts car ils ont été "fusillés pour l'exemple" donc considérés comme des traîtres mais est-ce réellement une traîtrise que de ne pas vouloir se battre ? de s'indigner de la cruauté des hommes ?
    Un roman engagé extrêmement fort que je ne peux que vous encourager à venir découvrir car l'on ne doit pas oublier...jamais !

 

 

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30 juin 2017

4 - 1851 - Marianne des Mées

 Christiane B.

 Félicitations pour ce roman à vocation historique et en plus locale ! L'écriture est riche et fluide aussi bien au niveau du vocable que des métaphores très  sympathiques. Les chapitres s'enchaînent  naturellement et structurent parfaitement l'ensemble qui vise a retracer ce passage de l'histoire

 

Florence Bellon  ( Lire sa chronique sur le site Livre Alpes de haute Provence)

Ce roman nous plonge dans le passé pour en tirer encore une fois une leçon. Le roman évoque la réaction au coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, des habitants des Basses Alpes et du Var.  L’injustice, la résistance, la révolte populaire, dans le passé comme aujourd’hui, sont les mots d’ordre des romans de Daniel Berthet.

De la vie de misère à Digne jusqu’aux fastes du pouvoir à Paris, vous voyagerez dans le temps et dans l’espace à travers les personnages du roman auxquels on ne peut que s’attacher.
A lire pour ne pas oublier cette part de notre histoire et comme un hommage à ces hommes et ses femmes qui se sont révoltés.

 

Jean-Paul Degache (Extrait de sa chronique à lire sur son blog)

 Le récit, passionnant de bout en bout, débute en mai 1850 avec la légende du Pas de Marie, un lieu devenu arrêt de messagerie entre Manosque et Digne. C’est là qu’arrive la patache, la diligence que Marianne va prendre.

 C’est elle l’héroïne de 1851, Marianne des Mées.

  Les mots du terroir fleurissent « fan de chichourle, fan de pute » dans la bouche du père Laburlière et de Jules Sainfoure qui détaillent Marianne. Les descriptions sont savoureuses. À bord de la patache, Cunégonde De Louvion de Saint-Cyr est avec son mari, M. Dupré qui vient d’être nommé préfet dans ce département lointain.

 Le décor est planté mais c’est à Digne que les événements se bousculent avec l’arrivée de ce nouveau préfet, un procureur et un colonel de gendarmerie n’hésitant pas à arrêter et condamner des innocents pour préserver les intérêts d’une caste regroupée dans l’Ordre de Pentacrine, des nostalgiques de l’Empire.

Les trois parties qui suivent portent des titres évocateurs : Haro sur la justice ! Haro sur l’assemblée ! Haro sur le peuple ! Le récit est haletant, plein de rebondissements, nous emmène jusqu’au palais de l’Élysée où le Président Louis-Napoléon, surnommé Badinguet, prépare son Coup d’État. Au passage, l’auteur ne néglige pas les amours de Cunégonde et de Magloire.

 Céline Barbier (Extrait de sa chronique à lire sur Babelio)

Plus qu'un roman historique, il s'agit ici d'un pan de l'Histoire que Daniel Berthet nous offre à découvrir, celui de deux départements que furent les Basses-Alpes et le Var et qui ont résisté plus que ce que la seule raison pouvait leur dicter et enfin l'histoire d'hommes et de femmes, qu'ils soient fictifs ou non, qui ont marqué à leur manière, ce temps et qui perdureront dans nos mémoires .

 

 

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5 mai 2017

EXTRAIT - 1851- Marianne des Mées

 

 

1851 – Marianne des Mées

 

 

"La conscience vient au jour avec la révolte,

plutôt mourir débout que de vivre à genoux"

Albert Camus - L'homme révolté – 1951

       

 

 

C’était, en cette année 1850, un début de matinée du mois de mai promettant une journée de grande chaleur dans l’azur du ciel de Provence. C’était l’heure où l’on attendait au Pas de Marie la diligence qui assurait la liaison entre Manosque et Digne.

       Il n’y avait que deux paysans encombrés de leurs besaces pour profiter des services de la patache. Protégés du soleil par la frondaison de trois châtaigniers centenaires, bercés par les stridulations des cigales, paupières baissant la garde, moustaches en bataille, souquenilles à la couleur terreuse, chapeaux de feutre transpirant les travaux des champs et jambes pendantes sur le visage gravé de la Vierge, les deux compères lézardaient en branlant du chef, assis sur le rocher de l’apparition.

            - Oh, fan de chirchoule ! s’exclama subitement le père Laburlière, le plus vieux des deux compagnons.

            - Voïe ! Regarde moi ça qui vient ? ajouta-t-il en tapant du poing sur l’épaule de son acolyte pour le sortir de sa léthargie.

            Après une longue hésitation liée à sa vue défaillante, le Jules Sainfoure souleva son feutre et se passa machinalement la main sur le crâne avant de répondre :

            - Oïe, fan de pute ! De tout sûr, c’est la Marianne ! Mais elle est increvable !

            Devant eux, à quelques centaines de cannes, s’avançait lentement un semblant de vagabonde qui avait peine à se mouvoir. Du rocher de la Vierge, on apercevait son baluchon brandi au-dessus de sa tête.

            - Voïe ! Elle est prête à tout pour ne pas rater la foire de l’Empereur de Malijai, reprit le premier.

            Un corbeau croassa au loin.

            Les deux compères replongèrent dans leur chaude somnolence, la paupière mi-close sous le galurin pour observer les pas de la nouvelle arrivante. Ils avaient tout dit et plus rien à ajouter.              

            De son côté, Marianne avait le Pas de Marie en ligne de mire. Elle soufflait avant d’affronter le dernier faux-plat. Son ballot était accroché au bout d’un bâton qu’elle brandissait à la manière d’un porte-drapeau. Chaque pas la déséquilibrait dans ses sabots tailladés à la serpe et fissurés d’âge. Elle devait faire un effort pour ne pas se laisser emporter par le balancement de sa charge d’un côté ou de l’autre.

            Enfoncé sur ses oreilles, un vieux bonnet phrygien dont le rouge avait pris la couleur de la terre à force de sueur et d’intempéries lui donnait des allures de sorcière. Ses mâchoires vides de dents accentuaient le trait lorsqu’elle ouvrait la bouche par saccades pour retrouver un peu d’air. Sur son sarrau gris de noir délavé par l’usure, des restes de motifs laissaient deviner encore quelques taches de bleu enrobées d’un peu de rouge dont on ne pouvait déterminer le dessin d’origine.

            Lorsqu’elle atteignit le Pas de Marie, elle posa son barda à terre.

            - Le plus dur est fait ! s’exclama-t-elle en se parlant à elle-même sans se préoccuper des deux croquants qui la toisaient depuis leur rocher.

            - .... Fait déjà chaud pour la saison ! Viens t’asseoir à l’ombre, lui lança Laburlière, un brin ironique.

            - Moi, je ne blasphème pas la Vierge en prenant le rocher de l’apparition pour un siège.

            La réponse de Marianne était cinglante autant par respect de la gravure que par méfiance des occupants.

            Elle fit sourire les deux compères !

            Marianne faisait partie de ces vieilles qui, lorsqu’elles passaient par le Pas de Marie, avaient gardé l’habitude de se signer après avoir touché le visage de la madone. En voyant ces deux gredins assis sur le rocher, elle avait vite compris qu’aujourd’hui ce ne serait pas possible de céder à la coutume avant le passage de la patache.

            Mais peu importait !

 

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7 novembre 2015

7 - Au nom de notre bonne Foi !

 Christiane B.

          Sur fond de guerre de religion l'histoire m'a beaucoup plu, l'intrigue est bien menée ,les personnages authentiques et attachants et surtout les retrouvailles sont très émouvantes. C'est tres agréable à lire avec même un peu de suspense tout au long de ce devenir de la guerre, ce qui donne encore plus de charme à la lecture.  Merci pour ces beaux instants de partage.

 FELICITATIONS  a un auteur qui mérite d'être reconnu par un plus large public ...

 

Florence Bellon   ( Lire sa chronique sur le site Livre Alpes de haute Provence)

      Un beau roman qui nous emmène en l’an 1562 en pleine guerre de religion entre les armées protestante et catholique. Pendant une année, nous allons suivre Tienot qui se trouve mêlé malgré lui à toutes ces atrocités de la guerre. Nous voyageons avec lui entre Mane, Forcalquier, Sisteron, Gap et Grenoble.  J’ai apprécié le langage employé avec des termes de la langue d’époque. Les outils, les métiers, les mots… tout est très bien documenté pour rendre le récit réaliste et dépaysant.  J’ai aimé aussi le recul nécessaire qu’a eu l’auteur pour arriver à nous faire rire malgré tout le mal que les hommes se font les uns aux autres, que ce soit, comme dans ce roman, il y a 450 ans ou comme aujourd’hui encore…

 

Céline Barbier (Lire sa chronique sur Babelio )

           L'auteur s'est intéressé aux guerres de religions qui ont terrassé l'Europe au cours du XVI ème siècle entre Protestants et Catholiques. Les Protestants d'un côté, encore appelés huguenots ou parpaillots et les Catholiques rangés du côté de Rome de l'autre et entre les deux, il y a tous ceux et celles qui , n'ont rien demandé et sont pourtant bien obligés de se placer quelque part ! C'est le cas de celui que l'on appelle Le Borgne et de son fils Tienot, les héros qui vont d'abord s'engager aux services des capitaines Furmeyer et Mauvans voulant délivrer la citadelle de Sisteron.
Très vite, nos deux héros, qui tandis que l'un est fait prisonnier et laissé pour mort et que l'autre continuera de se battre tant bien que mal, vont se rendre compte qu'en réalité, il n'y a pas de bon ou de mauvais côté, pas de bons ou de méchants et que tout ceci ne peut mener qu'à un effroyable massacre. Pourquoi ? Pour rien si ce n'est des idées qui ne s'accordent pas sur certains points. Et alors, ne peut-on pas tous vivre en harmonie en ayant des religions, des points de vue différents ? Voici le grand thème de ce livre et qui, je crois, restera l'éternel questionnement des hommes jusqu'à la fin des temps ! C'est au cours de son aventure en pays de Forcalquier, que Tienot, faisant de nombreuses rencontres aussi variées les unes que les autres, va amener le lecteur à s'interroger sur ce point.
 

 

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9 septembre 2015

EXTRAIT - Au nom de notre bonne foi !

 

 

 

Au nom de notre bonne Foi !

 

 

Prologue

 

       

  Parties d'Allemagne au début du seizième siècle, il ne fallut pas plus d'un demi-siècle pour que les idées luthériennes débordent leurs frontières, se répandent en Suisse, s'étalent dans les vallées alpines puis remontent sur l'ensemble du royaume de France. Qu'ils se surnomment luthériens, vaudois, calvinistes, huguenots ou parpaillots, tous se retrouvèrent dans le prêche protestant de la Réforme de l'Église.

         Face à la monarchie catholique, le choc des religions devint inévitable ! Guidés par l'odeur du sang et le vice de la terreur, les hommes s'adonnèrent une fois de plus à leur activité favorite : la guerre. Celle des religions occupa grassement la fin du seizième siècle afin de laisser sa trace dans l'Histoire de France.

         En 1562, pourchassés depuis le massacre de Merindol, les protestants de Forcalquier se réfugièrent massivement à Sisteron jusqu'à s'emparer de la cité en faisant fuir les catholiques par la même occasion.

         Repoussé par le comte de Sommerive, le capi-taine huguenot Furmeyer, va conduire son armée jusqu'à la conquête de Grenoble en passant par Gap, Tallard, Saint-Bonnet et le Vercors.

         Fils de charretier, Tienot, va être embarqué contre son gré dans cette aventure et devenir l’ami de Lesdiguières.

           

 

Première partie  -

 

Pour la conquête d'une citadelle.

 

 

Février 1562

    

     Jouant à saute-mouton sur les pics enneigés des Alpes, les premières lueurs de l'aube s'emparaient lentement de l'espace abandonné par la nuit.

         Du côté de Lure, cahotant d'une pierre à l'autre sur une sente de braconniers pour atteindre le pas de la Graille, un vieux fardier brinqueballait son charroi sur des ornières incertaines.

         Le sommet de Lure à peine franchi, les lames verglacées d'un mistral cinglant firent rapidement savoir au charretier que le plus dur restait à faire et qu'il fallait s'en remettre à sa bonne Étoile s'il vou-lait atteindre Sisteron dans les deux prochains jours.

         Machinalement, il se signa !

         - Le ciel moutonne déjà du côté des Alpes. Y faudrait pas que le temps tourne à la neige avant qu'on atteigne Valbelle, marmonna alors le Borgne en se parlant à lui-même, le regard fixé sur la ligne du levant et la longe tenue courte pour ne pas lais-ser le cheval s'emballer.

         Cela faisait déjà deux nuits qu'ils avaient quitté Forcalquier, lui, son grand gaillard de Tienot et les deux vieux Fougasse qu'on avait logé sous la bâche du charroi.

         On n'avait pas encore parcouru une demi-lieue dans la descente que le cri du Borgne fit oublier au Tienot les premières gifles du mistral.

         - Tron de Dieu ! Le Noiraud n'arrive plus à retenir la charge. Tire donc sur les fers, hurla le charretier pour se faire entendre du gamin qui marchait à côté du convoi.

         Tienot se jeta sur les manivelles de la mécanique à l'avant et à l'arrière du fardier pour serrer les sabots au maximum. Des grincements de plus en plus stridents se firent entendre jusqu'à ce que le cheval reprenne son pas, soulagé par l'action des fers sur les bandages des roues.

         Février, ce n'était pas bien la saison pour organiser un déménagement jusqu'à Sisteron mais l'expédition avait été décidée dans la précipitation au vu des cadavres de parpaillots jetés dans les caniveaux de Forcalquier ou retrouvés pendus aux branchages des alentours de la chapelle Saint-Promasse depuis qu'Antoine Almaric, premier consul protestant de la cité, avait été assassiné sur la route d'Aix !

         S'il avait eu affaire à un autre pèlerin, le Borgne n'aurait jamais accepté une telle folie.

         Mais au père Fougasse, il ne pouvait rien refuser sachant trop qu'il lui devait la vie. Il avait encore en mémoire cette mauvaise rencontre qui datait d'une dizaine d'années et qui l'avait mis aux prises avec trois soudards venus faire main basse sur sa basse-cour à l'heure du chant du coq.

 

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10 septembre 2014

EXTRAIT - Porteurs de rêves

 

 

PORTEURS DE RÊVES

 

 

- 15 janvier 2009

 

- Marseille -  - Hôpital de la Timone  - 4 heures du matin - 

 

Des cris de torture déchirent ma nuit !

Des ongles d’acier s’enfoncent dans ma tête...

Ils en arrachent lentement des lambeaux de chair.

 La douleur est insupportable !

Depuis une éternité, ces hurlements sauvages se bousculent dans mon cerveau. C’est la cent millième  fois que je regarde ma montre pour fuir ce carnage. Ces saloperies d’aiguilles me narguent, figées entre le trois et le quatre !

Seule illusion de lumière salvatrice, un rai de lune joue à saute-mouton sur le mur de la chambre.

Le cauchemar se prolonge...

Impossible d’échapper à la vue des ongles arrachés, des têtes fracassées, des nudités meurtries et des cris de loups qui les accompagnent.

Je voudrais tellement les écrabouiller et me perdre dans le labyrinthe du sommeil.

Tout au long de ma garce de vie, j’ai su repousser ces horreurs. La seule idée du devoir accompli expulsait aux oubliettes ces cadavres puants et je passais à autre chose.

Mais cette nuit !

Prisonnier d'une chambre d’hôpital dans laquelle je crève à petit feu, coincé dans ce grand caveau aux murs sans vie, pour la première fois, je me sens condamné à supporter les images de cette boucherie !

C'est sûrement l’effet des médicaments !

Peu importe la cause !

C’est avant tout le moyen de me débarrasser de ces fantômes que je dois trouver.

 Je voudrais tellement que ce ne soit qu’un cauchemar !

 Hélas...

La tromperie n’est pas de mise !

Chacun de mes mille milliards de neurones sait pertinemment que ces cris ont trouvé réalité dans une villa dominant Alger.

Je me revois, fier de mes galons de sergent, prenant toute ma part de travail dans la pratique de la Question.

A cette époque, mon ambition, comme celle des  copains, flirtait avec le prestige d’un bataillon de parachutistes, fouetté, lui-même, par le patriotisme colonisateur.

L’État donnait l’exemple, se bandait les yeux, se bouchait les narines et accordait son feu vert en sous-main. De tous ses porte-plume, la bonne presse applaudissait fièrement nos succès.

Malheur aux renégats qui osaient crier au scandale ! Il leur en coûtait cher. N'avions nous pas pour noble mission d’exterminer les vagues de bombes terroristes mettant Alger à feu et à sang ? Cela suffisait à nous mettre à l'abri de toute critique.

Mais en plein cœur de cette nuit morbide, où est donc passée cette fierté qui transformait autrefois le moindre soupçon de culpabilité en une attaque injuste vis-à-vis d'un bataillon dévoué à la protection des foules innocentes ?

...

 

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10 juillet 2014

3 - PORTEURS DE RÊVES

          

  Jean Jourdan

      Je viens de terminer la lecture presque d'une traite du livre de Daniel Berthet."Porteurs de rêves".
    La lecture de ce roman m'a replongé dans une période peu glorieuse de ma vie, mais le nez dans le guidon, l'âge, et le peu d'informations à l'époque avaient occulté la réalité. Depuis je cherche à en savoir davantage, beaucoup de choses sont écrites sur cette période et pas toujours des plus objectives.

    La performance de ce livre consiste à retracer toute une période au travers d'un roman .
    On y trouve ou retrouve tout ce que transporte une guerre : les trahisons, les hésitations les ralliements, les retournements, les manipulations, les incompréhensions, les profiteurs les indifférents etc. Toujours son lot de misères de deuils, de souffrances dans tous les camps.

     "On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels !" disait Anatole France.

      Oui, ce roman mérite d'être mieux connu.

   Ce roman traduit impeccablement bien Jacques Prévert : «Quelle connerie la guerre ! ».

 

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 Céline Barbier    (Lire sa chronique sur Babelio)

          On parle beaucoup du centième anniversaire de la Première Guerre mondiale, du soixante-dixième anniversaire du débarquement mais qu'en est-il du soixantième anniversaire de la Guerre d'Algérie ?

        Dans ce roman, Daniel Berthet nous fait explorer les deux bords de ce conflit qui opposa la France et l'Algérie de 1954 jusqu'à l'indépendance de cette dernière en 1962 mais il va même encore plus loin puisque le lecteur, se trouve, en tout début de ce roman, en 2009 dans l'hôpital de la Timone à Marseille et y reviendra d'ailleurs régulièrement puisque un ancien militaire appartenant au régiment des "Cobras" se souvient et nous transmet, à nous lecteurs, ses souvenirs de cette guerre.

       L'auteur réussit à merveille à intercaler les faits historiques dans ce roman avec des personnages très attachants et surtout, beaucoup de philosophie ! A découvrir !

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26 juin 2014

8 - L'ANNEAU DE SAINT-JERÔME

       Joël Belleville

     J'ai eu l'opportunité de lire ce bel ouvrage paru en 2012 chez Kariel B. Edition

     C'est un très beau roman, écrit avec beaucoup de force et de maîtrise.

     Voilà un livre très passionnant.

     Bravo !

 

        Céline Barbier  (Lire sa chronique sur Babelio)

       Dans le petit village d'Ourène en plein coeur de la Provence, près de la ville de Digne, le Tienot vivait paisiblement avec son épouse Clermonde et leur fille Ercilie. Bien que vivant en reclus, puisque huguenots et donc en marge de la société catholique de l'époque, la vie était dure à la fin du seisième siécle jusqu'au jour où le père fut cruellement assassiné, laissant femme et enfant sans ressource.
          La Clermonde ayant voulu toucher, au moins une fois dans sa vie, l'anneau de Saint-Jérôme, présenté aux paroissiens lors de la messe de minuit, elle va, sans le vouloir, emmener sa fille avec elle dans une tourbillon d'aventures des plus horribles qui soient. Accusées à tort de sorcellerie, une seule issue les attend : la mort sur le bûcher...

       Un roman d'une justesse extraordinaire quant à la précision des lieux, du langage employé à l'époque, des différences entre lois des tribunaux ecclésiastique et civil, une histoire qui vous tient en haleine jusqu'à la toute dernière page et avec des personnages très variés.

        En effet, autant certains sont très attachants, les autres au contraire sont extrêmement répugnants et atroces dans leur manière d'agir.

         A découvrir !

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26 janvier 2014

Paroles de Lecteurs

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